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THÉÂTRE

On est dans la partie, la tension monte et nous voilà fébriles pour Monsieur B. Il nous a confié son traumatisme, on a peur pour lui, on voudrait le retenir par le bras. Zweig présente un « joueur d’échecs » vacillant, le sol semble trembler sous ses pieds du traumatisme subi qui pourrait s’ouvrir comme un gouffre conduisant aux ténèbres de la folie.  Pourtant,  il tient  jusqu’au bout contre l’apathie mécanique du plus grand joueur d’échecs au monde. Le lien humain, la bienveillance de ses deux complices (l’écrivain et un autre joueur d’échecs), tout ce qui lui a tant manqué, au risque d’en mourir durant son isolement forcé par la gestapo, lui viennent en secours…

Le versant dramatique de l’histoire n’écarte pas le rire. En effet, j’ai aussi beaucoup ri car la mise en scène de Sissia Buggy intégrant plusieurs personnages apporte humanité et humour aux moments douloureux. Et le jeu des comédiens s’inscrit totalement dans cette dynamique qui nous invite à jouer et à vibrer avec eux. L’interprétation de Monsieur B. par  Joseph Morana nous plonge dans les méandres de l’intériorité psychique avec une sensibilité qui résonne en chacun de nous.

Pour avoir vu la pièce selon une autre adaptation,  jouée par Francis Huster, le choix d’être seul sur scène, outre la performance incontestable d’acteur que son jeu témoigne, sollicite particulièrement la concentration du spectateur pour situer les changements de rôle et le personnage interprété. Ainsi, l’effort intellectuel a pris, me concernant, le pas sur la détente de l’esprit et le recul du rire. Il faut dire aussi que le parti pris est d’un caractère plus grave que celui de la mise en scène de Sissia Buggy.

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J’étais très curieuse de découvrir cette autre version de la pièce, davantage tournée vers Monsieur B (par l’adaptation de Claude Mann) que vers Zweig (contrairement à l’adaptation d’Eric Emmanuel Schmitt). C’était un moment fort ! D’autre part, le charme du théâtre Espace Marais et la convivialité de la compagnie nous accueillent dans un univers intimiste participant au plaisir de la soirée.

Les deux adaptations, et leur mise en scène, ainsi que le jeu des acteurs nous font entrer par différentes portes dans l’œuvre de Zweig. Cette ouverture de qualité enrichit notre regard sur le texte. L’œuvre de l’illustre écrivain et la qualité du travail artistique respectif qui lui est consacrée, méritent absolument la double expérience : n’hésitez pas à voir les deux !

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